L'Algérie par ses islamistes

L’ouverture politique pratiquée en Algérie après les émeutes d’octobre 1988 a
profondément modifié les conditions du débat politique dans ce pays. Parmi les
formations légalisées, le Front islamique du Salut (FIS), était celle qui
avait le mieux réussi dans les années 1990, à capitaliser le mécontentement
des « laissés-pour-compte », d’une société régie depuis l’indépendance par un
parti unique, et à les mobiliser dans un projet de conquête du pouvoir au nom
des interprétation de la culture islamique. Cet ouvrage revient sur ce
mouvement interdit depuis 1992 par le tribunal administratif d’Alger.
Était-ce un avatar du phénomène islamiste qui a agité le monde arabe et
musulman ? Si le mouvement a cherché incontestablement à renouer avec une
identité oubliée, en s’inspirant d’idéologies de l’islam politique mêlées de
références au nationalisme arabe, il n’en exprimait pas moins les
contradictions d’une société qui doit assumer les héritages complexes de son
histoire, tout comme les enjeux de sa situation géographique.
Peu nombreux, les écrits consacrés au mouvement islamiste algérien sont, de
plus, rarement présentés de l’intérieur. Ni plaidoirie ni réquisitoire, le
présent ouvrage – qui fait largement appel à des textes produits par le FIS,
et dont beaucoup sont difficilement accessibles – vise à présenter au lecteur
francophone l’éventail le plus complet possible des discours que tenaient les
islamistes algériens sur leur propre société à l’époque.