- EAN13
- 9782348008771
- Éditeur
- FeniXX réédition numérique (La découverte)
- Date de publication
- 1981
- Collection
- Théorie
- Langue
- français
- Langue d'origine
- français
- Fiches UNIMARC
- S'identifier
La Langue introuvable
Françoise Gadet, Michel Pêcheux
FeniXX réédition numérique (La découverte)
Théorie
Livre numérique
On peut toujours rêver, réécrire l'Histoire, imaginer un autre commencement à
ce siècle. Dans la fièvre des années 20, la politique (Octobre 17), la
littérature (le surréalisme, le formalisme, le futurisme), la psychanalyse
(Freud et sa descendance) et la linguistique (qui s'inaugure scientifiquement
avec Saussure) se seraient donné rendez-vous à Moscou, à Vienne ou à Genève...
Il n'est plus temps de rêver : cette Internationale-là (Lénine discutant avec
Freud du concept saussurien de valeur, dans un wagon de l'Orient-Express
décoré par les futuristes !) n'aura jamais eu lieu. À la place du rêve, un
pesant processus de disjonction entre le sens (le bon sens, le sens commun, le
consensus) et ce qui ne fait pas sens (le non-sens, le contre-sens, l'insensé,
l'insanité). La linguistique est ambiguë à l'égard de cette disjonction. Elle
y résiste, comme la langue elle-même et, cependant, elle ne peut éviter de
céder. Question théorique et politique : La métaphore aussi mérite qu'on se
batte pour elle. L'entreprise chomskyenne est exemplaire : la grammaire
générative transformationnelle constitue (c'est du moins ce qu'on tente ici
d'établir) la première théorie de la langue à reconnaître, jusque dans ses
procédures, la déconcertante continuité qui noue le grammatical à
l'agrammatical, bousculant ainsi l'opposition sens/non-sens. Mais le
chomskysme perd, en même temps, le bénéfice de cette découverte : par un
singulier paradoxe, il renchérit sur la disjonction, musèle la métaphore, et
finit par plonger le point linguistique dans les profondeurs silencieuses de
la psycho-biologie... Encore la langue introuvable. Cette aventure de la
langue introuvable est examinée dans ce livre, du double point de vue
historique et théorique.
ce siècle. Dans la fièvre des années 20, la politique (Octobre 17), la
littérature (le surréalisme, le formalisme, le futurisme), la psychanalyse
(Freud et sa descendance) et la linguistique (qui s'inaugure scientifiquement
avec Saussure) se seraient donné rendez-vous à Moscou, à Vienne ou à Genève...
Il n'est plus temps de rêver : cette Internationale-là (Lénine discutant avec
Freud du concept saussurien de valeur, dans un wagon de l'Orient-Express
décoré par les futuristes !) n'aura jamais eu lieu. À la place du rêve, un
pesant processus de disjonction entre le sens (le bon sens, le sens commun, le
consensus) et ce qui ne fait pas sens (le non-sens, le contre-sens, l'insensé,
l'insanité). La linguistique est ambiguë à l'égard de cette disjonction. Elle
y résiste, comme la langue elle-même et, cependant, elle ne peut éviter de
céder. Question théorique et politique : La métaphore aussi mérite qu'on se
batte pour elle. L'entreprise chomskyenne est exemplaire : la grammaire
générative transformationnelle constitue (c'est du moins ce qu'on tente ici
d'établir) la première théorie de la langue à reconnaître, jusque dans ses
procédures, la déconcertante continuité qui noue le grammatical à
l'agrammatical, bousculant ainsi l'opposition sens/non-sens. Mais le
chomskysme perd, en même temps, le bénéfice de cette découverte : par un
singulier paradoxe, il renchérit sur la disjonction, musèle la métaphore, et
finit par plonger le point linguistique dans les profondeurs silencieuses de
la psycho-biologie... Encore la langue introuvable. Cette aventure de la
langue introuvable est examinée dans ce livre, du double point de vue
historique et théorique.
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