Les portes et les sons qu'elles font

Jean-François DION

Carnets Nord

  • Conseillé par
    24 septembre 2019

    C'est un texte qui m'a surpris parce qu'il peut être tour à tour d'une force incroyable et d'un ennui profond. L'ennui ce sont les pages sur la retraite de cet homme dans un monastère. N'y voyez pas trace de mon anticléricalisme primaire, mais vraiment un désintérêt total pour ces pages délayées, qui, de mon sens, n'apportent rien au texte, tant elles se répètent, même si je mesure bien l'analogie à la prison : les portes, la cellule ; l'opposition : le silence. La force du texte tient aux autres pages consacrées à la réflexion de l'homme, à sa survie après l'accident et à son séjour en prison. Ses réflexions sont profondes, elles interrogent sur la vie, l'amour, la mort, la solitude, le besoin d'aimer et d'être aimé, le désir de vengeance.

    L'écriture est minutieuse, détaille chaque fait et geste. On pourrait la dire patiente tant elle prend le temps de décrire. JF Dion travaille ses mots, ses phrases -parfois ça sent un peu la sueur-, mais beaucoup de passages sont somptueux, d'une grande beauté, empreints d'émotions et de justesse sans tomber dans le larmoyant, le pathos facile. "Aucun vêtement, accessoire ou colifichet de Françoise ne reste dans la penderie, ni dans sa commode, ni dans la salle de bain. Je n'ai conservé que ce qui n'est pas purement féminin, comme ses livres, ses disques et des objets de déco qu'elle aimait ; ils finiront par se fondre dans mon monde, celui qui continue ; pas tout de suite bien sûr mais ils finiront, je n'ai gardé que ceux qui finiront." (p. 74)

    J'ai rarement ressenti autant la détresse d'un personnage que dans ce roman. L'écriture de JF Dion remue et touche. Descriptive, pointilleuse, on se retrouve dans chacun des gestes, dans presque chacune des pensées de l'homme qu'elle nous présente. Malgré mes réserves, Les portes et les sons qu'elles font est un roman à découvrir.