Rires de poupees chiffon

Philippe Rouquier

Carnets Nord

  • Conseillé par
    20 février 2019

    Avis aux amateurs d'originalité, de mélange des genres, de bordel finalement vachement bien organisé, de lecture pas reposante et fortement addictive, ce roman noir est pour vous.

    Polar rural, montagnard qui se déroule dans les pentes et vallées du Vercors, les paysages sont magnifiques. Polar nature.

    Polar artistique, il y est question d'art contemporain, de performance ; jusqu'où peut aller l'artiste pour créer ? doit-il gêner, être consensuel ? doit-il même choquer ?

    Polar glauque, poisseux, noir profond. Ses héros ne sont pas très recommandables, ils font passer tout après leur art, leur vie, celle des autres. Il y a pas mal de sang – mais je rassure les plus sensibles, point dégoulinant, tout cela est supportable – de violence – supportable à lire elle aussi.

    Polar atypique, original, qui mélange très adroitement des genres et des milieux rarement traités ensemble. Philippe Rouquier mène son roman dans un tempo assez rapide – même si la fin traîne un peu – et de main de maître. Il semble calé en art contemporain, en matière de création artistique, semble connaître les affres d'icelle ; il en parle admirablement bien, tant, que l'on est plongé dans ce monde de fous, de branques, de déjantés qui s'amusent avec nos nerfs. Le romancier brouille les pistes habilement dès qu'il change d'interlocuteur. Dès que l'adjudant Tainon interroge un suspect ou un témoin, l'enquête prend un autre tour et nous lecteurs, changeons de cap. En fait, nous doutons de tout et de tous, jamais sûrs ni de la culpabilité ni de l'innocence des uns et des autres.

    Philippe Rouquier en est à son deuxième roman publié. Diable, on parierait en un auteur aguerri.