Karoo
EAN13
9782953366495
ISBN
978-2-9533664-9-5
Éditeur
Monsieur Toussaint Louverture
Date de publication
Collection
LOUVERTURE
Nombre de pages
608
Dimensions
20 x 14 x 0,1 cm
Poids
700 g
Langue
français
Langue d'origine
anglais
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Karoo

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Traduit par

Monsieur Toussaint Louverture

Louverture

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Achevé quelques mois avant la mort aussi soudaine que tragique de Steve Tesich (1996) et publié de manière posthume (1998), Karoo est le chant du cygne d’un auteur qui n’aurait pas dû disparaître. Si ce roman amer est bien l’ambitieux portrait d’un homme sans cœur et à l’esprit tordu — tout à fait capable de penser qu’une grandiose bonne action est en mesure d’effacer des milliers de mauvaises —, il s’interroge aussi sur l’admiration cynique de l’Amérique pour les manipulateurs qui nous vendent des rêves fabriqués en usine. C’est un joyau resté sous le radar du grand public et qui se passe de main en main, une œuvre étonnante, mêlant habilement un humour corrosif à une tragédie frappante.

Karoo est l'odyssée d'un riche et obèse consultant en scénario d’Hollywood dans la cinquantaine, Saul « Doc » Karoo, gros fumeur et alcoolique, écrivaillon sans talent, séparé de sa femme, traînant plusieurs tares émotionnelles. En tant que script doctor, Saul Karoo mutile et sauve — selon une étrange définition de la qualité — le travail des autres. En tant qu'homme, il applique le même genre de contrôle sournois à sa vie privée et se délecte d’une quantité de névroses très particulières : son incapacité à se saouler quelle que soit la quantité d’alcool ingurgitée, sa fuite désespérée devant toute forme d’intimité, son divorce qui est aussi malade que la relation qu'il évite à tout prix d'avoir avec son fils adoptif. Même s’il le voulait, il ne pourrait pas faire les choses correctement et la plupart du temps, il ne le veut pas. Jusqu’à ce qu’une occasion unique se présente à lui. En visionnant un film sur lequel il s’est secrètement juré de ne pas travailler, il fait une découverte qui l’incite à prendre des mesures extravagantes pour essayer, une fois pour toutes, de se racheter. Mais la dynamique de cette unique tentative s'emballe et à chaque fois que Karoo prend une décision, il prend aveuglement la mauvaise. La calamité a déjà jeté ses fondations et n'attend que le pire moment pour cueillir sa moisson de malheurs. Karoo est une tragédie moderne déguisée en une farce extrêmement drôle à l'humour noir, très noir.

Se désagrégeant entre passé et présent, la manière dont Karoo est écrit reflète la désagrégation du personnage, et le récit nous surprend en permanence comme la vie surprend constamment Saul Karoo ; rien n’est simple dans ce livre et on ne sait jamais à quoi s’attendre. Les personnages secondaires vont et viennent avec leurs têtes pleines de mensonges mais toujours tentant de se convaincre que leurs motifs sont purs tandis que Saul, tel Œdipe, enchaîne erreur sur erreur, tout en étant d'une extrême lucidité sur lui-même et ses actes. Ce qui le rend d'autant plus cynique.

Tesich est si habile dans ses intuitions, ses descriptions et ses observations qu’il est impossible de ne pas balancer en permanence entre amour et haine pour Saul Karoo. Pourtant nous le suivons à travers ses malheureux plans et continuons, contre toute attente, à croire en lui. Car même si Saul est la quintessence de l’anti-héros américain, il est aussi un peu de chacun d’entre nous. Et au bout du compte, Tesich donne du sens à tout ceci et donne à ce livre une profondeur et une puissance considérable. Une histoire de rédemption sans rédemption. Un portrait fort et bouleversant d’un personnage imparfait, autodestructeur et fascinant. Aux côtés de Roth, Updike, Richler et Below, Steve Tesich rejoint la courte mais prestigieuse liste des auteurs ayant su transcender la vie d’un cinquantenaire en une farce tout à la fois tragique et comique.
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Commentaires des lecteurs

Conseillé par
29 juillet 2012

Rien ne me prédestinait à lire Karoo. Quand je vois un large bandeau où de nombreux éloges s‘étalent, j’ai tendance à fuir, mais voilà, il y a Julien. Julien, un de mes libraires chouchous qui au vu de ma mine ...

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