Psychanalyse des addictions
EAN13
9782200345525
ISBN
978-2-200-34552-5
Éditeur
Armand Colin
Date de publication
Collection
Cursus
Nombre de pages
224
Dimensions
2,4 x 1,6 cm
Poids
399 g
Langue
français
Code dewey
155.232
Fiches UNIMARC
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Psychanalyse des addictions

De

Dirigé par

Armand Colin

Cursus

Indisponible
Introduction?>Généralités sur les addictions?>Définition et historique?>Le terme d'addiction recouvre les conduites de toxicomanie, d'alcoolisme et toutes celles entraînant une dépendance avec ou sans toxique. On peut ainsi être addicté aux aliments (boulimie)1 ou à « l'absence d'aliment » (anorexie)2, au suicide, aux achats pathologiques3, à des toxiques (alcool, tabac, haschich, héroïne, morphine, cocaïne, ecstasy, crack, psilocybine)4, aux psychotropes (annexe I), aux jeux, y compris vidéo5, à des médicaments – singulièrement les psychotropes, à la sexualité6, au travail7, à l'acte criminel8, aux scarifications9 et autres entailles douloureuses, à la relation amoureuse et transférentielle, à la psychanalyse10, voire à la culpabilité elle-même... Le domaine d'application du concept d'addiction est donc large. Son utilisation permet de regrouper des troubles pathologiques parfois très différents sur le plan clinique, elle déborde largement du cadre figé de l'alcoolisme et des toxicomanies, puisqu'il peut également décrire l'assuétude aux médicaments psychotropes dont les Français sont aujourd'hui les champions mondiaux. La notion d'addiction, transnosographique11, n'a ainsi de pertinence qu'en raison de la possibilité de fournir un modèle d'interprétation de pathologies dissemblables (boulimie, alcoolisme, toxicomanie, etc.), par l'individualisation de dimensions psychopathologiques communes12. En ce sens, comme celles de somatisation ou de « névrose actuelle » de S. Freud, elle oblige à repenser le rapport « corps-esprit », singulièrement dans ses aspects « quantitatifs ».Pour les personnes dépendantes, ce « débordement » (jouissif) de l'esprit dans la conduite d'addiction semble viser une réanimation et une « reviviscence » du fond pulsionnel/passionnel13 d'une psyché anémiée et clivée dans sa topique et sa dynamique interne, ceci pour une multitude de raisons dont nous tenterons ici d'esquisser les contours.Selon Bergeret14, « il n'existe aucune structure psychique profonde et stable spécifique de l'addiction. N'importe quelle structure mentale peut conduire à des comportements d'addictions (visibles ou latents) dans certaines conditions affectives, intimes et relationnelles ». Cette question de la structure psychique a provoqué, au sein des psychanalystes, des divergences d'opinion, certains considérant l'addiction comme une variante d'une pathologie déjà connue (perversion, mélancolie, manie), d'autres démontrant l'impossibilité de rattacher la toxicomanie à une structure connue par la mise en évidence de traits autonomes.Le terme d'addiction fit officiellement son apparition en 1932, dans un article de Glover15 qui présenta l'addiction comme appartenant aux états-limites tout en l'employant dans un sens limitatif : une toxicomanie et une accoutumance à un produit16. Ce terme fut repris en 1945 par d'autres psychanalystes comme Fenichel17. Le terme d'addiction, dans son acception actuelle, prit ensuite son essor dans les pays anglo-saxons avec le modèle de Peele18, qui ne se réfère pourtant ni à la psychanalyse, ni à l'hypothèse d'un inconscient.En France, le terme addiction est venu par la psychanalyste J. McDougall qui en a introduit la première l'usage en 1978 à propos de « sexualité addictive »19, puis par J. Bergeret. On peut parler comme le fait J. McDougall « d'économie psychique de l'addiction »20. Chez ces sujets « esclaves de la quantité », la résolution des conflits ne se fait pas de manière symbolique ou psychique mais par et dans l'économie21 pulsionnelle et/ou excitationnelle du corps.En 1924, Sandor Radö fit l'analogie entre orgasme pharmacogénique dans des cas de morphinomanie et « l'orgasme alimentaire » du nourrisson au sein (auquel on peut ajouter « l'orgasme de la faim » de l'anorexique)22. Il existait pour Radö une fixation orgastique alimentaire ayant une fonction psychophysiologique primaire et biochimique qui était pour lui ce noyau autour duquel étaient groupés les fantasmes incestueux appartenant d'ailleurs aux théories sexuelles infantiles (exemples : anorexie, névroses gastriques, colopathies).Par la suite, des psychanalystes psychosomaticiens, en premier lieu M. Fain23 et J. McDougall24, ont contribué à la connaissance psychosomatique des addictions. À leur suite, nous avons tenté de repenser les liens entre comportements addictifs et maladies du corps25 en prenant en compte l'apport, incontournable, de l'œuvre de P. Marty26. La question du corps est en effet incluse dans l'étymologie du mot addiction. Addictus en latin est le substantif d'addico et signifie « esclave pour dette » : ainsi est définie une pratique de contrainte par corps infligée à des débiteurs (esclaves) dans l'impossibilité d'honorer autrement leurs dettes (la définition n'inclut donc pas la référence à la présence d'un objet). Le terme latin ad-dicere, signifiait « dire à », dire au sens de donner, d'attribuer quelqu'un à quelqu'un d'autre en esclavage (l'esclave était dictus ad, dit à tel maître). Il était donc aliéné, comme l'addicté, à son comportement et/ou produit.
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