Ruines et fantômes
EAN13
9782384422432
Éditeur
La Gibecière à Mots
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Ruines et fantômes

La Gibecière à Mots

Livre numérique

  • Aide EAN13 : 9782384422432
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Jules Claretie (1840-1913)

"À mesure qu’il avance dans la vie, l’homme risque fort de heurter du pied
contre quelque ruine, et il marche escorté comme d’un essaim de fantômes.
Ruines et fantômes ! C’est le bilan des choses humaines : ruines d’illusions,
fantômes de souvenirs. Il suffit d’errer ou de penser pour se voir ou plutôt
pour se sentir entouré de tout ce qui est mort autour de nous et de tout ce
qui est devenu invisible.

Qui donc a prétendu que les spectres n’existaient pas ? Ils sont partout ;
partout l’homme vieilli rencontre, au détour d’une année qui finit, d’un
anniversaire éloquent qui parle du passé, une foule de choses blêmies et
perdues à demi dans la brume, et qui sont des spectres en vérité, spectres
d’affections ou d’illusions mortes. Que de spectres ainsi logés dans ce Paris
que les vivants croient habiter seuls ! Dans presque toute chambre, nid clos
ou discret, où deux amoureux s’aiment, deux ombres se glissent, qui jadis, à
la même place ont échangé aussi leurs baisers ou leurs soupirs. Le monde des
fantômes tient autant de place que l’autre.

Je le sens bien, à cette heure même où une nouvelle année s’ajoute pour moi
aux années passées, et où le jour de ma naissance me fait regarder un moment
en arrière. Sans être vieux, que j’en ai vit mourir !

Oui, que de visages déjà pâlis ! Que d’yeux autrefois rayonnants d’espoir et
maintenant à jamais clos ou plutôt disparus dans leurs orbites creuses !
Ruines humaines, fantômes d’amours, d’amitiés, d’espérances, de gaietés,
fantômes des jeunes années, des premières joies et des premiers rêves ! On n’a
plus, passé trente ans, qu’à se baisser pour ramasser à terre la poussière de
ce qui fut la vie, cendre chaude encore de passion ou encore humide de larmes.

Pourquoi donner ce titre à ce livre : Ruines et Fantômes ? Il n’est pas un
seul des travaux humains qui ne pût être appelé ainsi. Tout finit, non par des
chansons, comme disait Beaumarchais en ses ironies, mais par des ruines, comme
le criait le vieux Job en ses lamentations. Pourtant les ruines étudiées ici
et les fantômes évoqués sont des spectres et des débris d’espèce particulière.

Ainsi j’ai ramassé les miettes du curieux."
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